New-York - New-York City

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Nous avons rejoint la Grosse Pomme depuis Arlington et Washington après avoir fait deux haltes en Pennsylvanie : l’une à Lancaster et l’autre à Philadelphie. Nous l’avons approchée en nous engageant dans de larges artères embouteillées. À l’horizon, les gratte-ciel de Manhattan s’élevaient côte à côte dans un parallélisme parfait mais à des hauteurs diverses, comme se livrant une lutte sans merci pour savoir lequel d’entre eux atteindrait le firmament en premier. Nous avions déjà un aperçu de la démesure qui nous attendait. Nous en avons eu une image plus romantique et plus onirique le soir même depuis un parc de Staten Island où nous logions : la Manhattan skyline perçait au loin l’obscurité nocturne dans une mosaïque de lumières multicolores sous le regard bienveillant de la Statue de la Liberté. Le tout se reflétait sur l'eau lisse de l’Upper Bay. Nous nous sommes attardés sur cette vue privilégiée dans un silence communicatif, avides et impatients de découvrir la ville après une bonne nuit de sommeil.

Le lendemain matin, nous avons pris le ferry de Staten Island vers Manhattan, nous mêlant ainsi aux locaux. Nos regards parallèles étaient rivés sur la Statue de la Liberté (photo) et Ellis Island. Nous imaginions ce que pouvaient ressentir un siècle plus tôt les milliers d’immigrés qui fuyaient les infortunes diverses vécues dans le Vieux Continent, pour commencer une nouvelle vie sur ce qui leur apparaissait être une terre promise. Entassés dans les imposants navires ayant traversé l’Océan Atlantique, ils regarder s’approcher la Statue de la Liberté, vibrant symbole de leur rêve américain, avec une profonde émotion, laissant derrière eux leurs tracas européens. L’excitation grandissait alors que nous nous approchions de Downtown Manhattan. Le mythe devenait réalité. Nous avons débarqué au Staten Island Ferry Whitehall Terminal. Malheureusement, nous avons subi un terrible orage dès notre arrivée, accompagné de pluies diluviennes qui n’en finissaient pas. Nous avons dû attendre longuement à l’abri avant qu’une accalmie daigne se manifester. Nous avons commencé par la partie la plus au Sud de la très longue et très célèbre Broadway Avenue. Là, nous apercevions de superbes édifices du 19ème siècle qui côtoyaient des buildings plus modernes. Nous nous sommes approchés de Wall Street, où se trouve la très célèbre Bourse de New-York, la plus grande au monde, mais l’accès y était impossible à cause de travaux. Nous sommes alors allés visiter Trinity Church, église de style Gothic Revival haute de 86 mètres. Dans son vieux cimetière planté de chênes reposent quelques personnages emblématiques ayant joué un rôle important lors de la période Coloniale. Les sépultures y sont penchées et disposées de façon parfois anarchique, ce qui lui confère un charme désuet.
Nous avons rejoint avec émotion le Ground Zero, où se trouvaient jadis les deux tours du World Trade Center détruites lors des attentats du 11 septembre 2001. Désormais, le One World Trade Center - haut de 541 mètres - s’y élève. À ses pieds, le bouleversant Reflecting Absence se compose de deux bassins de presque dix mètres de profondeur aux emplacements initiaux des deux tours jumelles dans lesquels l’eau s’écoule inlassablement. Ils sont entourés de parapets de bronze noir sur lesquels sont gravés les noms des nombreuses victimes. Une rose blanche est posée chaque jour sur le nom de chaque personne dont c’est l’anniversaire. Nous avons été marqués son côté sobre, qui nous a rappelé le Mémorial de la Guerre du Vietnam au National Mall de Washington. Et pour cause : l’architecte Maya Lin - qui a conçu ce dernier - faisait partie du jury chargé de sélectionner le projet final. Elle semble être le dénominateur commun de ces deux mémoriaux, auxquels elle a indéniablement apporté sa touche personnelle. L’Amérique sait oublier son côté parfois pharaonique pour commémorer les épisodes les plus sombres et les plus traumatisants de son histoire, adoptant une pudeur et une sobriété qui la rendent attachante dans ces moments-là. On ne ressort pas totalement indemne de la visite de ce mémorial, pour peu qu'on se soit laissé absorber par toute la symbolique et surtout la part d'histoire des U.S.A. récente et douloureuse de laquelle il est imprégné. Et il nous a fallu quelques longues minutes avant de renouer avec l'esprit de légèreté qui nous habitait juste avant notre arrivée en ce lieu sanctuarisé.
Nous sommes passés devant le Woolworth Building, édifié en 1913 dans un superbe style Néo-Gothique, en nous attardant sur ses magnifiques détails architecturaux. Puis, nous avons traversé le City Hall Park, sommes passés devant le City Hall - hôtel de ville bâti au début du 19ème siècle dans un style Colonial - avant de traverser le mythique Brooklyn Bridge, construit à la fin du 19ème siècle, qui fut longtemps le plus long pont suspendu au monde. Ce fut une expérience unique ! Véritable prouesse du génie civil, il dégage une solidité et un esthétisme hors normes. La vue sur Downtown Manhattan, Brooklyn et l’East River est imprenable. Nous nous sommes attardés au Main Street Park près de Pebble Beach, d’où nous pouvions admirer le Manhattan Bridge, un autre grand pont suspendu datant quant à lui du début du 20ème siècle. Il propose une vue privilégiée sur Brooklyn Bridge et Lower Manhattan.

Le lendemain, nous avons fait une excursion en bateau vers la Statue de la Liberté et Ellis Island. Nous avons à nouveau pris le ferry depuis Staten Island. Puis, nous avons traversé à pied le Battery Park, havre de verdure au bord de l’Hudson River. Sa promenade où s’égrènent des bancs est très agréable. Nous avons embarqué et quelques minutes plus tard, nous étions enfin aux pieds de «La Liberté éclairant le monde», chef-d’œuvre d’Auguste Bartholdi offert au peuple américain. L’émotion était vive. Se retrouver devant un lieu aussi emblématique et riche en histoire était exaltant. Vue des centaines de fois dans les salles obscures ou sur nos écrans de télévision, elle se dressait fièrement devant nous de toute sa grâce et sa majesté. Toute la symbolique qui s’en dégage nous interpellait forcément. Après le Christ Rédempteur du Corcovado à Rio de Janeiro deux ans plus tôt, nous avions encore l’immense bonheur de nous retrouver face à une statue mythique. Bien sûr, nous nous y sommes longuement attardés avant de nous rendre à Ellis Island : également chargée d’histoire, elle vit passer 15 millions d’immigrants venus d’Europe pour fuir la crise, la misère ou les épidémies, et aspirer à une vie meilleure. Ils étaient sélectionnés par les services des douanes, chargés de renvoyer chez eux tous ceux qui entre autres avaient un casier judiciaire, étaient porteurs de maladies ou présentaient des signes d’aliénation. Son Musée de l’Immigration, de style Néo-Renaissance, renferme des valises, des malles, des couffins et autres objets personnels d’époque ayant appartenu aux arrivants ainsi qu’un registre.
Puis, nous avons pris le métro jusqu’au quartier
Chelsea, où nous avons admiré le Flatiron Building et son étonnante forme triangulaire. Édifié en 1902, il fut le premier gratte-ciel de la ville, atteignant 87 mètres de hauteur ce qui pour l’époque était remarquable. Nous nous sommes attardés sur ses beaux détails architecturaux, avant d’arpenter la fameuse 5ème Avenue et ses nombreuses boutiques jusqu’au célébrissime Empire State Building, édifice Art Déco emblématique de la ville qui fut longtemps le plus élevé au monde avec ses 381 mètres. Puis, nous avons emprunté la 33ème Rue Ouest pour nous restaurer sur le pouce au Greely Square Park dans le quartier Koreatown. Là, nous avons croisé avec bonheur un cireur de chaussures, chose devenue rare même sur le Vieux Continent, et qui nous a renvoyé quelques décennies en arrière.
Nous 
avons pris Broadway Avenue jusqu’à Times Square, centre névralgique de la ville où une foule cosmopolite et bigarrée se presse en rangs serrés dans un défilé permanent, toisées par des enseignes lumineuses démesurées qui semblent s'étendre à l'infini. Le ballet des taxis jaunes est incessant, le vacarme continu. On aperçoit parfois dans les rues adjacentes de la vapeur sortir des bouches d’égout, ce qui fait tout autant partie du décor. On est au cœur du quartier des théâtres, mais c’est bien dans la rue qu’est l’essentiel du spectacle. Nous y sommes restés de longues minutes, puis avons décidé de nous séparer momentanément, goûtant à l’exaltante et incomparable expérience de se perdre dans l’immensité des rues de New-York. C’était vraiment prenant ! Il faut le vivre au moins une fois dans sa vie. J’ai poursuivi ma route le long de la 7ème Avenue, admirant au passage le mythique Carnegie Hall et sa façade Néo-Renaissance, plus ancienne salle de concert new-yorkaise connue du monde entier, à l’acoustique irréprochable. Finalement, nous nous sommes retrouvés au havre de paix et de verdure de Central Park après nous être tordu le cou une dernière fois pour contempler l'architecture extraordinaire de l’édifice Alwyn Court, qui mélange Renaissance et Gothique Tardif. D’innombrables moulures décorent sa façade. Nous sommes passés sans transition de l'agitation et la ferveur de Times Square à la douceur de vivre du parc, et ce contraste était saisissant. Un espace vert si vaste et varié au cœur d’une ville aussi bouillonnante est tout simplement époustouflant. Nous nous y sommes ressourcés, longuement baladés, traversant des pelouses ombragées, d’autres totalement ouvertes où des habitués maniaient toutes sortes de frisbees avec une dextérité remarquable. Nous avons assisté dans une aire d’installations sportives à des parties de softball et de baseball amateur. Nous sommes allés jusqu’au lac auquel fait face la superbe Bethesda Fountain et son ange biblique. Tout près, le fameux Bow Bridge (photo), vu dans de nombreuses scènes romantiques de films et séries, enjambe la partie la plus étroite du lac au cœur d’un cadre idyllique où des couples en barque ou en gondole glissent lentement sur l’eau dans une douce rêverie.
Après nous être restaurés sur la 7ème Avenue, nous nous sommes replongés de longues minutes dans la folie de Times Square, encore plus impressionnant de nuit. Puis nous avons pris le métro à contrecœur : il était temps de rentrer. Notre fabuleuse aventure new-yorkaise s’arrêtait là. Nous avons quitté cette ville extraordinaire avec un pincement au cœur, en admirant une dernière fois tout Manhattan illuminé et la Statue de la Liberté depuis l'arrière du ferry qui nous ramenait à Staten Island. Nous observions ce panorama inoubliable qui s'éloignait peu à peu dans un silence religieux, habités par la certitude de revenir un jour. Nous avons alors compris que cette ville avait posé sur nous une empreinte indélébile et que nous y étions définitivement attachés


Publié le 4 janvier 2019