Ontario

Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir


Ottawa

Fondée au début du 19ème siècle dans un style Victorien dominant, elle nous a d’emblée étonnés, puis conquis. En effet, nous nous attendions – peut-être naïvement – à ce que la capitale du deuxième plus grand pays au monde soit tentaculaire et bruyante. Nous avons découvert une ville à taille humaine : certes, elle s’étend administrativement sur 2790 m², mais sa partie purement citadine reste relativement modeste et son nombre d’habitants se situe juste en dessous du million. Ses espaces verts sont nombreux et vastes. Ses édifices historiques remarquables lui confèrent un cachet et une valeur supplémentaires. Nous avons été agréablement surpris par sa douceur de vivre très particulière, et nous y sommes sentis parfaitement bien dès les premiers instants.
 
Nous logions dans le quartier Centretown, dans une maison Victorienne en brique rouge à deux étages pleine de caractère. D’ailleurs, nous avons pu admirer de nombreuses demeures de ce style en nous baladant dans la partie résidentielle du quartier jusqu’au Canal Rideau, de taille différente, avec une décoration différente, mais chacune avec sa personnalité. Le calme souverain rendait l’endroit très apaisant. Nous avons fait une halte pour admirer le Musée Canadien de la Nature (photo). Il s’agit d’un bâtiment de pierre massif Néo-Gothique d’influence Britannique qui arbore des têtes d’animaux sculptées sur ses façades. L’architecture très peaufinée présente des têtes d’animaux sculptées. Le tout était magnifié par le soleil de fin d’après-midi qui faisait ressortir les murs couleur crème. Il abrite notamment un impressionnant squelette de baleine et plusieurs squelettes de dinosaure. Le hall central est surmonté d’une imposante cage en verre qui renferme une sculpture géante de méduse.
Puis nous avons poursuivi notre balade dans les rues résidentielles ponctuées d’agréables parcs urbains. Nous avons abouti aux abords aménagés du Canal Rideau, avec une promenade, une piste cyclable et des espaces verts. Nous nous sommes posés là quelques instants pour prendre le temps de nous imprégner de cette douce atmosphère. Nous nous y sentions très bien et avons prolongé le plaisir avant de poursuivre la balade. Le canal formait un virage à la sortie duquel nous nous sommes retrouvés sur une longue ligne droite dont la perspective s’ouvrait sur la fameuse Colline du Parlement, image d’Épinal de la ville. Nous l’avons admiré de longues minutes depuis la passerelle Corktown. Puis, nous sommes retournées dans les rues du quartier, dans une zone plus animée comprenant commerces, bars et restaurants. L’ambiance nocturne y était féerique, parfois festive. Nous avons dîné sur l’une des nombreuses terrasses de restaurant en suivant un match de baseball, histoire de nous familiariser avec ce sport avant d’assister à un match des Blue Jays de Toronto trois jours plus tard. La nourriture était de qualité, de même que la bière locale et surtout les cocktails, très originaux. Nous avons passé une excellente soirée, ponctuée d’éclats de rire communicatifs autant entre nous qu’avec certains locaux.
 
Le lendemain, nous avons visité la Haute-Ville. Nous avons été impressionnés par l’imposant Édifice de la Confédération de style Néo-Gothique. Il nous a donné un avant-goût de la Colline du Parlement, dont la visite était prévue en fin de journée. Nous nous sommes attardés dans l’Église Presbytérienne Saint-Andrew, du 19ème siècle, qui se distingue avec la flèche assez haute qui coiffe son clocher. En face se trouve la Cour Suprême du Canada, érigée en 1938 dans le style Art Déco. Puis nous sommes allés admirer quelques belles maisons Victoriennes de style Queen Anne en brique rouge datant du début du 20ème siècle dans une portion de Queen Street, superbes vestiges bien préservés de l’ère coloniale. Nous en avons profité pour passer devant un autre imposant édifice Néo-Gothique : la Cathédrale Christ Church, dont l’intérieur est pourvu de colonnes de marbre blanc et de beaux vitraux. Non loin s’élève l’Église Luthérienne Saint-Peter’s, construite au milieu du 20ème siècle en grès de Nepean dans le style Gothique Anglais.
Puis, nous avons fait un bref passage dans la Bibliothèque et Archives Canada pour ensuite emprunter le Pont du Portage au-dessus de la Rivière des Outaouais, duquel nous pouvions admirer au loin la Colline du Parlement. Nous nous sommes donc retrouvés côté québécois à Gatineau, qui avec Ottawa forme la région de la capitale nationale. Nous sommes passés devant l’étonnant Musée Canadien de l’Histoire, le plus visité du pays, et célèbre pour sa remarquable collection de totems amérindiens. Nous sommes revenus dans l’Ontario et à Ottawa en empruntant l’imposant Pont Alexandra. La Colline du Parlement se rapprochait et nous avions l’impression de pouvoir la toucher du bout des doigts. C’était la troisième fois depuis notre arrivée dans cette superbe ville que nous l’admirions à distance depuis un pont. Mais nous résistions à la tentation et tenions à garder cette visite pour la fin de journée comme prévu pour terminer en apothéose. C’était comme un jeu entre elle et nous.
Nous nous sommes éloignés du centre-ville vers l’est en empruntant Sussex Drive, qui longe la Rivière des Outaouais. En passant de l’autre côté de la Rivière Rideau, nous avons pris le temps d’admirer les Chutes Rideau. Dans les quartiers Vanier et Rideau-Rockcliffe, la ville revêt alors un aspect totalement différent : d’imposantes résidences cossues s’y égrènent au cœur de vastes propriétés. C’est là que se trouve l’Ambassade de France, la Résidence du Haut-Commissaire du Royaume-Uni – où une cabine téléphonique londonienne rouge a été installée sur la pelouse – et la Résidence Officielle du Premier Ministre du Canada, immense maison de pierre du 19ème siècle. Nous avons poursuivi jusqu’au Rideau Hall et son splendide jardin de 40 hectares que nous avons visité : cette somptueuse résidence est celle du Gouverneur Général du Canada. Nous avons eu la chance d’assister à la relève de la garde des soldats. Bien sûr, elle est moins spectaculaire que celle qui a lieu sur la Colline du Parlement, mais n’en demeure pas moins un grand moment.
Puis, nous sommes revenus sur nos pas pour rejoindre le centre et plus particulièrement la Basse-Ville. En passant devant le Musée des Beaux-Arts du Canada, nous nous sommes arrêtés intrigués devant la sculpture de bronze représentant une araignée géante, et répondant ou doux nom de… Maman !!! Il s’agit d’une œuvre célèbre de l’artiste Louise Bourgeois. Elle se trouve sur le parvis séparant le musée et la Basilique-Cathédrale Notre-Dame d’Ottawa. Cette dernière jouit d’une décoration intérieure somptueuse, avec son chœur de bois ouvragé et ses superbes statues. Puis, nous avons traversé le Major’s Hill Park, aux abords duquel s’élèvent le Connaught Building, bâti au début du 20ème siècle dans les styles Néo-Gothique et Néo-Tudor, et le Fairmont Château Laurier, splendide hôtel de luxe datant de la même époque. Nous nous sommes arrêtés quelques minutes pour admirer l’étonnant poste d’éclusage. Long de 500 mètres pour une largeur de 100 mètres, il comprend 8 écluses successives s’élevant sur 24 mètres à l’entrée du Canal Rideau. Il constitue une véritable prouesse de technique de construction, un système novateur et avant-gardiste au moment de sa conception.
Finalement, nous nous sommes rendus à la fameuse Colline du Parlement, où trois édifices de style Néo-Gothique du 19ème siècle sur un vaste jardin dominent fièrement la ville et la Rivière des Outaouais. L’Édifice du Centre abrite la Chambre des Communes et le Sénat. Il est parfaitement symétrique et en son centre, la Tour de la Paix, haute de 92 mètres, comprend un carillon avec 53 cloches. Elle renferme la Chapelle du Souvenir. Tout près, la superbe Bibliothèque du Parlement est un bijou d’architecture. Constituée de blocs de grès, elle comporte 16 côtés et son toit de cuivre à trois niveaux forme une voûte. Ses fenêtres en ogives, ses arcs-boutants et ses tourelles lui confèrent un cachet supplémentaire. Des boiseries de pin blanc décorent son intérieur et elle renferme une statue de marbre de la Reine Victoria. L’Édifice de l’Est, asymétrique, est constitué de pierres de taille de couleurs diverses. Il comprend lui aussi des fenêtres en ogive, ainsi que des gargouilles et des statues. Il abrite les bureaux des sénateurs et des députés. Quant à l’Édifice de l’Ouest, il a été agrandi de façon conséquente depuis sa création : on y a notamment ajouté une aile, et l’imposante Tour Mackenzie. Il était malheureusement en travaux de rénovation lors de notre visite. Chaque matin à 10h00 de fin juin à fin août a lieu la relève de la garde des soldats en uniforme rouge et aux coiffes en peau d’ours, à l’instar de la Garde Royale à Londres.
Puis, nous sommes redescendus dans la Basse-Ville pour nous restaurer dans le quartier très vivant du ByWard Market, réputé pour ses bonnes tables et son ambiance. Le marché couvert jouit d’une excellente réputation grâce à ses étals de fruits et légumes, ses comptoirs de restauration du monde et ses artisans locaux. Aux alentours foisonnent boutiques, bars et restaurants.
Nous sommes ensuite retournés à la Colline du Parlement pour admirer l’époustouflant spectacle son et lumière donné sur la façade de l’Édifice du Centre dans le cadre du 150ème anniversaire de la fondation du Canada. Nous avons ainsi terminé sur une note très positive notre séjour dans cette ville extraordinaire, véritable surprise et révélation de ce voyage, que nous portons déjà dans nos cœurs.

Ottawa fait partie de nos villes de cœur. Pour accéder directement à la rubrique, cliquez ici



Toronto

Il s’agit de la plus grande ville du Canada avec ses 2,6 millions d’habitants, soit plus de 15% de la population du pays. Métropole culturelle, économique et financière aux multiples visages, elle est très vivante et très dynamique. Les zones de gratte-ciel qui s’élèvent fièrement pour s’imposer au cœur de ce paysage urbain côtoient les quartiers résidentiels calmes aux demeures cossues pleines de caractère entourées de jardins. Ses murs peints sont remarquables et ses parcs luxuriants apportent leur lot de verdure pour se déconnecter de l’agitation citadine parfois bruyante. Sa vie nocturne est à la fois décontractée et trépidante et elle offre de nombreuses possibilités de sorties. Résolument ouverte vers le Lac Ontario depuis quelques décennies, son quartier Harbourfront, ses plages et ses îles viennent compléter le tableau. Réputée pour sa sécurité et sa propreté, on peut malgré tout regretter la présence dans certains quartiers de SDF dont la misère fait peine à voir.

Elle s’est rapidement peuplée d’immigrants au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, devenant ainsi l’une des villes les plus cosmopolites au monde. Cela lui confère une grande diversité ethnique, culturelle et culinaire. Un peu plus de la moitié de ses habitants n’est pas née au Canada !
 
Dès notre arrivée, nous avons pu avoir un aperçu de Little Italy, quartier réputé pour ses bars et restaurants branchés, pour ses terrasses qui se remplissent très vite durant l’été, ce qui en fait un endroit parmi les plus prisés pour la vie nocturne durant la belle saison. On traverse la ville pour y goûter son excellent capuccino ou un espresso, une assiette de pâtes bien copieuse ou une authentique pizza sicilienne. Aussi étions-nous ravis de savoir que nous allions loger dans une zone résidentielle de ce quartier : en effet, notre logement se situait dans une rue calme et ombragée par des bordées d’arbres, où s’égrenaient de belles demeures Victoriennes entourés de jardins verdoyants. Elle était de surcroît proche d’une artère principale du quartier et il nous était aisé de jouir des commodités diverses et de l’animation. Malheureusement, nous avons été victimes d’un surbooking et avons dû trouver à la hâte un hôtel dans un autre quartier, ce qui nous a fait perdre une demi-journée entière (voir la rubrique «Nos anecdotes - Canada»).
 
Le lendemain, nous nous sommes rendus dans le quartier Harbourfront en vue de prendre un ferry vers les Îles de Toronto. Cependant, suite à de récentes pluies abondantes, celles-ci étaient partiellement immergées et l’accès était limité aux résidents et aux personnes se rendant sur leur lieu de travail. Nous avons alors visité le quartier : après avoir pris du bon temps au Harbour Square Park, nous avons marché le long du boardwalk, en admirant le Queen’s Quay Terminal, ancien entrepôt qui abrite à présent des boutiques, des restaurants, un théâtre et un musée dédié à l’art Inuit. Tout près, The Power Plant est une ancienne centrale électrique reconvertie en lieu d’expositions d’art contemporain. Nous nous sommes restaurés à l’excellent Amsterdam Brewhouse. Puis nous sommes remontés vers Entertainment District, où nous sommes passés devant l’incontournable CN Tower, emblème de la ville, dont la visite était planifiée pour le jour d'après. À ses pieds, le Rogers Centre est un stade à toit rétractable qui accueille l’équipe de football des Argonauts, et surtout l’équipe de baseball des Blue Jays, que nous avions prévu d’aller voir jouer le soir même. Nous sommes passés devant le Canadian Walk of Fame, l’équivalent du célébrissime Walk of Fame à Hollywood, toutes proportions gardées bien entendu.
Le match de baseball du soir fut mémorable, la magie de la première fois aidant. Nous étions comme des enfants émerveillés et le spectacle était à nos yeux autant dans les tribunes et les abords du stade que sur le terrain. D’ailleurs, nous sommes venus bien en avance, histoire de nous imprégner de cette ambiance. De la même façon, nous nous sommes attardés devant le stade après la fin du match, où se déroulaient quelques spectacles de rue. Pour l’anecdote, les Blue Jays l’ont emporté contre Oakland !
 
Le jour suivant, nous avons visité le quartier Old Town, traversant le Saint-James Park, petit espace vert datant du 19ème siècle, embelli par des brassées de fleurs colorées et une fontaine ornementale. Tout près, la superbe Cathédrale Saint-James, église anglicane, est la plus grande de la ville. Nous avons pénétré dans le Saint-Lawrence Market, imposant marché qui propose un vaste choix de produits frais de qualité. On y trouve des spécialités des quatre coins du monde. Tout près se tient le Farmer’s Market chaque samedi : des fermiers de la région y proposent leurs produits. Nous avons poursuivi notre route en prenant le temps d’admirer le Gooderham Building, dont la silhouette triangulaire épousant un croisement de rues en patte d’oie rappelle immanquablement le célèbre Flatiron Building de New-York. Constitué de brique rouge, il arbore sur sa façade arrière une belle fresque murale. Juste derrière, nous nous sommes arrêtés au Berczy Park pour s’amuser de sa fontaine ornementale à vasques sur deux niveaux, où des statues de bouledogues crachent de longs jets d’eau vers son centre. En pénétrant dans le Financial District, qui regroupe la plus grande concentration de gratte-ciel de la ville, nous sommes passés devant le fameux Hockey Hall of Fame dédié aux inconditionnels du hockey sur glace. Il retrace de façon exhaustive l’histoire de ce sport auquel le peuple canadien voue un véritable culte.
Puis, nous sommes allés visiter la fameuse CN Tower : du haut de ses 533 mètres, elle est la 5ème plus haute tour au monde. Elle a été édifiée pour faciliter la transmission des ondes télé et radio au-dessus des imposants gratte-ciel de la ville. Cependant, nous devons avouer avoir été un peu déçus : nous avons trouvé le coût élevé (35$ canadiens), nous avons attendu 1h30 pour accéder à la plate-forme d’observation (346 mètres), où la foule était dense. D’autre part, elle a été construite de telle façon que l’angle de vision est limité par endroits, des structures de béton obstruant partiellement la vue. J.R. et moi avons pris beaucoup plus apprécié la Hancock Tower à Chicago en 2013. Quant à nos amis, ils ont préféré la Fernsehturm de Berlin. Ceci dit, la vue sur une partie de la ville et les îles était imprenable. Nous avons pu apercevoir également au pied de la tour le Rogers Centre qui nous renvoyait à ce match de baseball mémorable de la veille. Nous avons déjeuné au 360 Restaurant, lequel est de qualité et permet de continuer à profiter de la vue. Puis, nous avons dû de nouveau affronter la foule et prendre notre mal en patience pour redescendre. Nous sommes allés admirer juste en face les vieux wagons et vieilles locomotives exposées aux abords du Musée Ferroviaire, qui nous renvoyaient plusieurs décennies en arrière, tout comme un passage à niveau ancien avec sa guérite, ses barrières et sa signalisation d’époque.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers le nord. En passant près du Rogers Centre, nous avons aperçu avec amusement un artiste de rue accompagné de son chat, lequel portait un petit uniforme des Blue Jays ! Nous avons rejoint le pittoresque quartier Chinatown, l’un des sept quartiers chinois de Toronto. Il s’agit du plus coloré et du plus authentique de tous. Même s’il n’est pas le plus étendu d’Amérique du Nord, il est l’un des plus exotiques. Ses enseignes, ses devantures, ses effluves de spécialités culinaires très typiques qui viennent titiller nos narines à chaque coin de rue appellent au voyage, notamment sur Spadina Avenue et quelques rues adjacentes. Les restaurants y sont de qualité ; les salons de thé, les épiceries, les boutiques et les herboristeries foisonnent. Ses fresques murales sur le thème de l’Asie sont splendides. Le dépaysement est total.Puis, je me suis séparé de J.R. et nos amis. Tous les trois se sont dirigés vers la partie nord du Financial District, notamment Queen Street West, admirant au passage le Nathan Phillips Square : il s’agit d’un vaste bassin d’eau surmonté de trois arches. Le nom de la ville est affiché grâce à d’imposantes lettres multicolores de 3 mètres de haut, le tout sur plus de 20 mètres de large. Il faut s’y rendre le soir lorsqu’elles sont éclairées et se reflètent sur l’eau lisse du bassin. Le spectacle est magique. Il se trouve devant le nouvel Hôtel de Ville, l’Ancien Hôtel de Ville s’élevant quelques mètres plus loin : ce dernier, de styles Néo-Roman et Victorien, est vraiment impressionnant. Bâti à la fin du 19ème siècle, il fait partie des édifices emblématiques de Toronto. Sa Tour de l’Horloge - qui comprend plusieurs cloches - culmine à plus de 100 mètres.
Quant à moi, j’ai poursuivi sur Spadina Avenue jusqu’à l’Université de Toronto (photo). Au-delà de la visite de l’une des plus prestigieuses universités Nord-américaines, je tenais à poursuivre mon pèlerinage artistique comme indiqué en introduction. Elle s’articule autour du Queen’s Park, vaste et agréable espace vert. Inspirée des campus anglais, elle comprend une quarantaine de bâtiments, certains modernes, d’autres historiques. Le plus ancien est University College de styles Néo-Roman et Néo-Gothique. Le travail sur la pierre y est remarquable, et certains détails de sculpture sont très peaufinés. Hart House abrite la Maison des Étudiants : d’inspiration Gothique, elle est asymétrique et le lierre qui recouvre certaines de ses façades lui confère un attrait supplémentaire. Le Convocation Hall, d’inspiration Néo-Classique, renferme le plus grand amphithéâtre de l’université. On le reconnaît facilement grâce à son dôme vert. L’Ontario Legislature a été édifiée à la fin du 19ème siècle dans un style Néo-Roman novateur et éclectique. Il s’agit de l’un des plus beaux bâtiments du campus. J’ai été agréablement surpris par la fréquentation de l’endroit : en effet, il y a avait des visiteurs comme moi, mais également des étudiants, dont certains faisaient une partie de baseball devant University College. Cela donnait de la vie à l’endroit même si nous étions au cœur de l’été. J’ai pu pénétrer dans l’un des bâtiments modernes où étaient encadrées et affichées des compositions photographiques comprenant les portraits de lauréats de chaque promotion, tous revêtus de l’uniforme et de la coiffe traditionnels. Les clichés m’ayant le plus marqué sont ceux datant du début du 20ème siècle, en noir et blanc, et ternis par les années. Je me disais que ces personnes n’étaient plus de ce monde. Cela m’a renvoyé à l’un de mes films cultes, «Le cercle des poètes disparus» quand John Keating - le professeur campé par Robin Williams - fait sortir ses élèves de la salle pour les emmener dans le couloir et leur demander de regarder ces vieilles photos d’anciens élèves. C’était vraiment un moment poignant.
Je suis sorti empli d’émotion et ai quitté le campus sur cette dernière impression, pour m’engager dans Wellesley Street, et traverser le Gay Village à l’intersection avec Church Street. Les terrasses de cafés, les restaurants et les boutiques – très raffinés pour la plupart – y étaient légion. Les traditionnels drapeaux arc-en-ciel décoraient certaines façades. Le quartier était très agréable. Puis, j’ai pris Jarvis Street, où s’égrenaient de belles maisons Victoriennes entourées de jardins. Certaines étaient en partie cachées par d’imposants arbres, ce qui leur conférait une attrayante discrétion. Puis, j’ai rejoint le reste du quatuor à notre hôtel, qui se situait dans un endroit bien moins attractif de cette même rue. Nous sommes allés dîner au restaurant italien Terroni se trouvant à Adelaide Street, dans un ancien palais de justice au plafond haut, ce qui lui donnait un indéniable cachet. La décoration intérieure était extraordinaire, et la nourriture de qualité. Nous avons terminé notre séjour à Toronto sur une note très positive.


Péninsule de Niagara

Nous sommes partis très tôt de Toronto pour rejoindre les incontournables Niagara Falls (photo). Vu que nous étions en plein cœur de l’été, nous ne voulions pas affronter des hordes de touristes dans l’un des sites les plus prisés au monde. Nous avons trouvé un parking à 10$ canadiens la journée sur Stanley Avenue (en face de l’hôtel Best Western Fallsview), moins cher que ceux qui sont proposés sur place. Nous avons marché sur quelques centaines de mètres pour nous retrouver en face du fameux «Fer à Cheval» (Horseshoe Falls) dessiné par les chutes. Nous avons été d’emblée impressionnés par la puissance qui s’en dégageait. Ceci dit, nous étions un peu frustrés, car nous avions une vue à plat qui ne nous permettait pas de nous rendre compte de l’ampleur de cette merveille de la nature. Il est vrai que la plupart des photos des Chutes du Niagara sont prises d’avion ou d’hélicoptère, ce qui permet d’en saisir toute l’immensité et la majesté. C’est pourquoi il ne faut pas s’arrêter à une observation du site depuis la promenade qui longe la Rivière Niagara au risque d’être déçu, d’autant plus qu’à cet endroit précis, il est défiguré par des infrastructures touristiques qui font penser à un parc d’attractions. Plusieurs solutions s’offrent aux visiteurs pour en profiter de manière optimale, entre autres les croisières en bateau pour vraiment se retrouver au cœur de l’action, ou les survols en hélicoptère. Ces derniers étaient d’autant plus tentants que nous étions encore sous l’émotion de cet inoubliable survol du Grand Canyon l’année précédente avec J.R. Cependant, le prix est élevé et surtout, il peut arriver que la brume engendrée par les chutes masque partiellement la vue selon le sens du vent. Comme il faut réserver bien à l’avance, nous trouvions cela trop aléatoire.
Nous avons donc opté pour une croisière avec Maid of the Mist côté américain. En effet, comme le côté canadien des chutes est le plus impressionnant avec ce fameux «Fer à Cheval», les visiteurs s’y précipitent, alors que le prix est un peu plus élevé et que la foule est plus dense à bord des bateaux. Or, le circuit est quasiment le même : la croisière américaine nous permet d’approcher des chutes canadiennes après avoir admiré les chutes américaines (American Falls), moins impressionnantes mais qui méritent tout de même de s’y attarder. De plus, le ticket donne l'accès à un belvédère que l’on rejoint grâce à un ascenseur, et au grand parc de Goat Island, où se trouvent quelques points de vue remarquables, dont le dernier donne sur... le «Fer à Cheval» !!! Certes, l’angle de vue est latéral, mais nous sommes proches des chutes et pouvons admirer les arcs-en-ciel qui apparaissaient dans la brume.
Nous avons donc emprunté le Rainbow Bridge, pont qui fait la jonction entre les deux pays. Nous avons naturellement dû nous soumettre aux formalités d’entrée aux U.S.A. au poste de frontière, avant de nous rendre à l’embarcadère. Là, nous avons été dotés de beaux ponchos bleus frappés du logo «Maid of the Mist», et avons embarqué pour une expérience inoubliable. En nous approchant des chutes américaines, nous nous sommes fait un peu arroser. Mais rien de comparable avec les immenses et puissantes chutes canadiennes, où nous nous sommes fait asperger. Véritables forces de la nature à côté de laquelle nous nous sentions tout petits, elles venaient s’écraser au cœur la Rivière Niagara dans un bruit assourdissant qui ressemblait à un inlassable déchirement. Une épaisse écume se formait devant nous. Heureusement, la légère brise nous était favorable, car elle soufflait latéralement et portait la brume vers l’extérieur. Nous sommes revenus de cette excursion dans ce lieu pittoresque emplis de bonheur, conscients d’avoir eu le privilège de visiter l’un des sites les plus remarquables de la planète.
 
Nous nous sommes ensuite dirigés vers la Route des Vins, ce qui m’a aussi permis de poursuivre mon pèlerinage artistique évoqué en introduction. Elle traverse de beaux vignobles et des villages pittoresques. On y produit le fameux vin de glace à partir de raisins cueillis congelés en hiver. Des fermes et de beaux vergers s’y égrènent. Nous avons fait une halte à Niagara-on-the-Lake, considérée à juste titre parmi les plus belles villes du pays. Elle fut d’ailleurs la première capitale de l’Ontario à la fin du 18ème siècle sous le nom de Newark. Petite ville à taille humaine, elle a su rester authentique. Elle se visite facilement à pied ou à vélo. La balade dans la superbe Queen Street est un véritable enchantement : les bâtiments rivalisent de beauté. Auberges, bars et restaurants sont pétris de charme. La splendide Memorial Clock Tower, tour de l’horloge, se dresse fièrement au milieu de la rue, rendant hommage aux soldats canadiens tombés durant la Première Guerre Mondiale. Le superbe Queen’s Royal Park, havre de verdure, s’ouvre sur le Lac Ontario et offre une vue privilégiée sur le Fort Niagara côté américain, juste en face. Une gloriette au charme désuet lui confère un attrait supplémentaire.
La ville jouit également de sites à forte valeur historique, notamment le Lieu Historique National du Canada du Fort-George. Comme la majeure partie de la ville, il fut détruit par incendie durant la guerre que se livraient anglais et américains au début du 19ème siècle. Il fut reconstruit à l’identique quelques années plus tard. Le Niagara Historical Society Museum, fondé à la fin du 19ème siècle, aborde l’histoire du pays à travers de belles collections de reliques, d’outils d’époque et de costumes et armes militaires. Située à 3 kilomètres du centre-ville, la McFarland House, construite en 1800 dans un style Géorgien, était à l’origine un hôpital qui durant la guerre, prodiguait des soins aux soldats anglais et américains blessés. Elle fait partie des rares bâtisses à avoir échappé à la destruction. On peut la visiter et admirer entre autres ses superbes meubles d’époque.
Nous nous sommes longuement attardés, conquis par cette très charmante ville, puis l’avons quittée ainsi que l’Ontario avec un pincement au cœur, pour rejoindre la frontière américaine et poursuivre notre exaltante aventure durant onze jours dans le Nord-Est des U.S.A.



Publié le 15 décembre 2018