Utah

Vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir


Moab

C'est une petite ville typique, jeune et dynamique. Le centre-ville est très agréable. Nous avons choisi d'y séjourner afin de poursuivre notre visite du Parc des Arches entamée il y a trois ans. Pour la rejoindre depuis Monument Valley, nous avons fait une halte au Mexican Hat, formation rocheuse étonnante qui ressemble à un chapeau mexicain, comme le nom l'indique. Elle a d'ailleurs donné son nom à un tout petit village au milieu de nulle part.
Au-delà de la proximité de nombreux sites remarquables qui en font une halte idéalement située, Moab a beaucoup à offrir pour un court séjour : ses rues sont très accueillantes, ses restaurants et ses cafés très sympas et ses boutiques de souvenirs amusantes et étonnantes. Les magasins de sport ne sont pas en reste : il y a en effet une tradition de longue date à Moab pour ce qui est du VTT et du rafting. On sent d'ailleurs ses habitants très proches de la nature.
Au supermarché, le choix au rayon alimentation est considérable. Vous pouvez composer votre propre salade, aussi bien de fruits que de légumes : de nombreux étals au rayon frais sont à votre disposition et vous remplissez votre barquette à votre guise.
Comme en 2013, nous avons mangé au restaurant Zak Pizza (photo) sur Main Street. Les plats y sont de qualité, notamment les pizzas au feu de bois, la viande rouge et les desserts. La déco est vraiment sympa.
Pour toutes ces raisons, nous conseillons vivement une halte à Moab à qui voudrait visiter les parcs nationaux de l'Utah.
Et, cerise sur le gâteau, nous avons eu la chance et le privilège de croiser et saluer Miss Utah ! Elle se déplaçait dans Main Street avec deux gardes du corps pour de brèves visites de courtoisie dans les boutiques, bars et restaurants.


Arches National Park

C'est un petit parc étonnant qui regroupe la plus grande concentration d’arcs naturels au monde, modelés dans du magnifique grès rouge, de toutes dimensions. Certaines dépassent 80 mètres de portée. Une route goudronnée d’environ 23 miles traverse le parc du nord au sud. La plupart de ces arches sont facilement accessibles en voiture ou après un quart d'heure de marche. Les plus célèbres sont Landscape Arch, une lame de roche de 90 mètres de long au-dessus d'un amphithéâtre de grès, Double Arch, et Delicate Arch, devenue l'image d'Épinal de l'Utah, qui figure sur les plaques minéralogiques de l'état.
Il existe également d’autres formations rocheuses fantaisistes : rochers suspendus (comme Balanced Rock), cheminées de fées, falaises rouges vertigineuses.
Cette année, nous avons visité un endroit différent du parc, situé au Nord. Nous avons fait le Devil’s Garden Trail (photo), randonnée classée difficile. Long de 11.5 kilomètres, il regroupe une huitaine d’arches, notamment Landscape Arch, l’une des plus grandes au monde, qui étonne cependant par la finesse de sa silhouette. Il est dangereux et interdit de s’en approcher à cause de chutes de pierres. Double O Arch est très singulière : elle ressemble à un «8» géant gravé dans la pierre rouge. Les paysages traversés sont fantastiques, mais ils se méritent. Certains passages sont plutôt ardus, parfois un peu vertigineux. La chaleur peut être une difficulté supplémentaire. Les précautions d’usage lors de traversées de zone désertiques s’appliquent naturellement. N’hésitez pas à vous munir d’un plan (disponible au début du trail) pour ne pas vous égarer. En tout état de cause, suivez scrupuleusement les cairns, ces petits monticules de pierres facilement reconnaissables.
Vers la fin du trail, notre ami a aperçu un rattlesnake (serpent à sonnette), ce qui nous rappelle qu’il faut aussi être vigilant à ce niveau. Heureusement, ceux-ci restent rares et n’attaquent que lorsqu’ils sont vraiment agressés.
Après tant d’efforts, nous avons fait un pique-nique en admirant un superbe coucher de soleil. Puis, nous avons fait le même parcours en sens inverse, sous un ciel nocturne profond empli d’étoiles, munis de nos lampes de poche. Cette randonnée était spectaculaire et mémorable.



Cedar Breaks National Monument

Comme Red Canyon, ce modeste parc est surnommé «Little Bryce» du fait de sa ressemblance avec Bryce Canyon. En effet, il s’agit également d’un amphithéâtre naturel aux couleurs rouge, orange et ocre composé de hoodoos. Des sapins viennent y apporter leur lot de verdure qui contraste parfaitement avec les teintes chaudes des formations rocheuses, auxquelles s’accrochent fermement quelques pins de Bristlecone, connus pour leur longévité et leur résistance. Une route scénique d’environ 8 kilomètres longe les falaises et offre de superbes points de vue. Situé à plus de 3000 mètres d’altitude au cœur de la Dixie National Forest, nous y avons trouvé un peu de fraîcheur sur la route entre Moab et Hurricane, écrasée de chaleur. Il y avait même des restes de neige, ce qui conférait à l’endroit une beauté fascinante.



Zion

La «Cité céleste de Dieu» - nom donné au parc par les Mormons - est un incontournable. Le spectacle majestueux des gigantesques parois de grès, le jeu très particulier des couleurs selon le moment de la journée, et le très beau contraste entre les teintes chaudes des roches et le vert brillant des bois d’érables et de frênes qui bordent la Virgin River en font un lieu unique. Sa richesse archéologique est remarquable : certaines de ses ruines remontent à l’ère préhistorique. Il dispose de nombreux points de vue présentant un panorama à couper le souffle. Il est divisé en deux parties : Kolob Canyons au Nord et Zion Canyon au Sud. Ce dernier est le plus visité. Il est le point de départ de nombreuses randonnées.
Enfin, l’originalité incontestable de Zion est qu’il s’agit d’un parc dont on commence la visite par le sol au cœur de vallées encaissées pour la terminer par le sommet, au prix d’efforts qui en valent la peine, car la récompense est une vue époustouflante sur l’ensemble du site. Cela le démarque totalement de la plupart des autres parcs de l’Ouest Américain, où c’est le contraire.
On ne peut s’y déplacer avec son propre véhicule. On se gare au vaste parking du Visitor Center et on emprunte le réseau de navettes gratuites. Elles fonctionnent à l’énergie solaire captée par les panneaux photovoltaïques sur leur toit. Le dernier arrêt se situe au niveau du très beau Temple de Sinawawa.
Nous sommes descendus à la station «The Grotto» pour nous lancer dans l’Angels Landing Trail (photo), une randonnée difficile avec un dénivelé de plus de 400 mètres, et surtout une fin de parcours de 800 mètres sur une crête de montagne étroite et abrupte. Un système de chaînes a été installé pour se tenir si besoin est. À déconseiller formellement aux personnes sujettes au vertige !..
Nous nous sommes levés très tôt pour éviter la trop grosse chaleur. Nous avons emmené beaucoup d’eau, du jus de fruits, des barres céréalières, et quelques fruits. Nous avons entamé la randonnée alors que le soleil commençait à se lever. La température était idéale et nous avons eu immédiatement une sensation de bien-être ; le panorama grandiose et l’ambiance agréable y étaient pour beaucoup. D’autres randonneurs étant déjà présents, ce qui instaurait une bonne humeur communicative.
Nous avons vite réalisé que le trail progressait dans la difficulté pour devenir vraiment physique. La pente était de plus en plus prononcée. Le summum était la partie très abrupte avec sa succession de 21 virages très raides. Cependant, l’émerveillement l’emportait sur la fatigue tant le paysage était splendide. Même si l’ombre dominait du fait de l’aspect très encaissé du site et du soleil encore bas, la magie opérait.
Puis est arrivée la dernière partie : la plus dangereuse. Cette crête rocheuse avec le vide de chaque côté requiert la plus grande vigilance et une totale confiance en soi. Il ne faut surtout pas se lancer si on ne le sent pas. Il est vrai que le panneau avec le symbole du randonneur qui dérape au-dessus du vide - accompagné de l’annonce du nombre de morts les dernières années - jette un froid. Mais cela a le mérite d’avertir clairement les visiteurs du danger potentiel. Nous avons vu une jeune randonneuse partir en observation, puis revenir et renoncer définitivement, car elle ne s’en sentait pas capable. Elle a préféré rester et attendre ses amis au pied de la crête sur le Scout Lookout, où la vue est déjà imprenable. Sage décision.
Nous étions confiants et nous sommes lancés. Il était nécessaire de bien s’accrocher aux chaînes la plupart du temps, mais nous n’avons pas rencontré de difficultés techniques majeures. C’était juste physique, et il fallait être attentif tout le long, surtout lorsque nous croisions des personnes qui descendaient. Le passage le plus délicat est celui où la roche fait à peine un mètre de large. Heureusement, il est très court. Il faut bien évidemment redoubler de vigilance et s’accrocher fermement à la chaîne.
J.R. et moi avons mis une heure et demie pour la montée. Notre ami a mis plus longtemps, car il prenait davantage de photos et filmait quelques scènes à l’aide de son caméscope, notamment un couple qui s’est lancé dans une série d’acrobaties en duo au cœur de ce cadre spectaculaire. Au sommet, la vue vertigineuse sur la quasi-totalité du Parc de Zion était extraordinaire. De nombreux cairns reposaient sur un sol en pente légère, comme s’ils avaient été disposés là pour accueillir et féliciter les randonneurs ayant été jusqu’au bout. Le soleil était plus haut et éclaboussait de ses rayons la dense verdure, dont la fraîcheur contrastait avec les teintes chaudes des roches rouge ou crème, et celle plus sobre des roches blanches. La Virgin River - asséchée par endroits - serpentait au cœur de ce paysage fabuleux. Nous étions entre soulagement et émerveillement. Ce moment était magique.
Aussi nous sommes-nous attardés pour profiter de ces instants privilégiés et de ce lieu idyllique. La bonne humeur communicative entre randonneurs s’exprimait encore davantage, car il y avait de surcroît cette grande satisfaction et cette immense fierté d’avoir fait l’Angels Landing Trail jusqu’au bout. De jeunes chipmunks (tamias, race d’écureuils avec deux bandes brunes sur le dos) faisaient le spectacle : ils n’étaient pas sauvages du tout et venaient nous manger dans la main. L’un d’entre eux m’est grimpé dans le dos, et un autre est carrément rentré dans le sac à dos entrouvert d’un couple pour leur voler de la nourriture !..
Puis est venu le moment de la descente, alors que la chaleur commençait à s’intensifier. J.R. et moi avons mis également une heure et demie. En effet, cela nous a pris le même temps car c’est le plus dangereux : il est plus difficile de maîtriser ses appuis en descendant, d’autant plus que le sable et/ou la poussière présents sur la roche peuvent la rendre glissante. Nous étions davantage dans la retenue et dans la vigilance extrême, tout spécialement le long de la crête. De plus, nous nous sommes un peu attardés au niveau des 21 virages pour admirer et photographier un rattlesnake confortablement lové sous un rocher.
Une fois le trail terminé, nous nous sommes retournés une dernière fois pour admirer longuement le site - en particulier ce sommet où «atterrissent les anges» selon son nom - déjà habités par une certaine nostalgie. Nous ressentions une réelle fierté d’avoir fait l’une des randonnées classée parmi les 10 plus dangereuses au monde, mais surtout le bonheur d’avoir visité ce parc d’une beauté à couper le souffle. Car il ne faut pas perdre de vue l’essentiel.

Publié le 28 octobre 2017