Pennsylvanie
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Bradford
Aussi avons-nous décidé de visiter son très charmant Centre Historique - qui date essentiellement du 19ème siècle et du début du 20ème siècle - avant de nous rendre à Washington : peu étendu, il jouit malgré tout d’une richesse architecturale remarquable. Certaines façades arborent même de beaux mascarons. Son superbe Ancien Hôtel de Ville (photo) de style Néo-Roman Victorien a été construit en 1897 en brique rouge. Il est inscrit au Registre National des Lieux Historiques. Il comprend quatre étages et une tour qui abrite une horloge à quatre cadrans. Il abrite désormais les bureaux de l’administration municipale. Le Hooker-Fulton Building est un bel immeuble Art Déco de huit étages qui renferme entre autres un cinéma : Main Street Movie House. La belle Église Catholique Saint-Bernard est entourée de petites pelouses et arbustes verdoyants qui offrent un beau contraste avec le rouge de ses briques et la blancheur des statues qui s’élèvent au cœur de massifs fleuris. L’Église Méthodiste, construite en 1926-1927 en pierre calcaire sur les ruines de l’ancienne jugée obsolète, a été rénovée et agrandie à la fin des années 1950. L’Ancien Bureau de Poste en brique arbore ses superbes et imposantes colonnes. Bâti au début du 20ème siècle, son hall renferme un bel escalier de marbre et des balustrades en métal. Il comporte également des structures de bois et de calcaire. Il a fermé dans les années 1980 au profit d’un centre plus vaste et plus moderne, mais reste l’un des édifices de la ville les plus impressionnants et fait toujours la fierté des locaux.
La Rufus Barrett Stone House est une maison de ville historique de brique rouge de trois étages. Elle date du début du 20ème siècle. Elle épouse les formes du terrain triangulaire sur lequel elle a été construite, ce qui lui vaut le surnom de «Flatiron Building», en référence au fameux édifice New-Yorkais. Comme l’Ancien Hôtel de Ville, elle est inscrite au Registre National des Lieux Historiques, de même que le Manège Militaire de Bradford, édifice historique de la Garde Nationale. Tout près de ce dernier se trouve la Zippo Manufacturing Company, où l’on fabrique les fameux briquets connus du monde entier. Je l’ai su par un commerçant local avec qui j’ai eu une conversation passionnante. Il m’a appris des choses très intéressantes sur sa ville d’adoption. Je le salue au passage.
Finalement, nous avons repris l’US Route 219, longeant l’Allegheny National Forest. Nous avons traversé des paysages verdoyants et arborés ainsi que des villages très typiques aux belles maisons de bois colorées. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, nous avons pris une bifurcation, quittant momentanément ce superbe état de Pennsylvanie pour y retourner quelques jours plus tard. Nous nous sommes dirigés vers Arlington en Virginie, notre point de chute pour visiter Washington DC et ses alentours durant trois jours.
Lancaster
Nous l’avons visitée en repartant d’Arlington pour rejoindre New-York. Nous y avions prévu une halte, ainsi qu’une autre à Philadelphie.
Lancaster est la plus ancienne ville intérieure des U.S.A. Elle est située dans le Comté portant son nom, et qui fait partie du Pennsylvania Dutch Country : celui-ci s’est peuplé aux 18ème et 19ème siècles de membres des communautés Amish et Mennonite, branches du mouvement Anabaptiste né en Suisse au 16ème siècle, qui rejetait le baptême des enfants pour prôner celui des adultes. Ils sont arrivés essentiellement des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Alsace et de Suisse, fuyant les persécutions religieuses. Ils ont formé une communauté qui reste à l’heure actuelle très attachée à ses traditions, axées sur la famille, et sur l’amour et le travail de la terre. Ils refusent la violence, l’évolution technologique et rejettent la société de consommation. Cela exclut par conséquent les moyens de locomotion motorisés et ils se déplacent en buggies, ces fameuses carrioles tirées par des chevaux. Ils n’ont pas l’électricité et s’éclairent au gaz. Le seul progrès qu’ils acceptent est celui de la médecine. Si beaucoup d’entre eux sont fermiers, d’autres travaillent en ville. Leurs produits artisanaux sont de grande qualité et très prisés. Sachez qu’ils ne veulent en aucun cas que leurs visages soient pris en photo. Soyez donc vigilants lorsque vous utilisez vos appareils.
Les Allemands se sont installés les premiers à Lancaster au début du 18ème siècle. Elle deviendra la capitale du comté en 1729, et sera même capitale de la Pennsylvanie de 1799 à 1812, date à laquelle Harrisburg héritera de ce titre. Son architecture et sa vie culturelle sont riches et diversifiées. Elle dispose de nombreux lieux de culte, notamment l’Église Luthérienne de la Sainte-Trinité, bâtie en brique rouge et coiffée d’un toit de bois blanc, l’Église Presbytérienne, et l’Église Methodiste Épiscopale Africaine Bethel. Le Farmer's Southern Market est le plus vieux marché des U.S.A. Il a été ouvert dans les années 1730, puis est devenu un marché couvert de style Victorien en brique rouge avec des tours Néo-Romanes à la fin du 19ème siècle. Animé, pittoresque et authentique, il est inscrit au Registre National des Lieux Historiques. Il propose d’excellents produits fermiers, et des produits artisanaux, notamment ceux de la communauté Amish. D’ailleurs, nous avons eu la joie d’en croiser quelques membres aux abords du superbe bâtiment.
Philadelphie
Elle est l’une des plaques tournantes culturelles et historiques du pays. Les musées y sont nombreux, certains prestigieux, et ses édifices historiques comme l’Independence Hall et Liberty Bell sont absolument incontournables, car ils témoignent du rôle important de la ville dans la Révolution Américaine. Elle est le berceau de la démocratie, voire de la nation américaine de manière générale.
«Philly» est également la capitale mondiale du street-art depuis 1984, lorsqu’un vaste programme de fresques murales (Mural Arts Program) a été initié en faisant participer des habitants de la ville, qui depuis en dénombre aujourd’hui plus de 3000, dont certaines sont de véritables chefs-d’œuvre. L’idée de départ était de mettre fin aux problèmes de graffitis intempestifs qui polluaient alors la ville. Plutôt que de choisir la répression, le Maire de l’époque, Wilson Goode, a décidé d’amener les habitants des quartiers les plus touchés par ce genre de pratique à travailler avec des artistes confirmés, afin d’embellir les murs de la métropole de véritables œuvres d’art qui s’intègrent parfaitement au paysage urbain. En plus d’une prise de conscience, ils pouvaient exprimer leur créativité tout en s’appropriant leur quartier, voire la ville.
Nous y avons fait une halte de trois heures, commençant par Broad Street, plus connue sous le nom d’Avenue of the Arts, au niveau de l’Académie des Beaux-Arts, qui est à la fois un musée et une école. C’est un superbe édifice Néo-Gothique Victorien à la somptueuse décoration intérieure qui renferme des collections prestigieuses. Le Temple Maçonnique est un splendide édifice Néo-Normand de la fin du 19ème siècle. Il s’agit du plus grand du pays. Il comporte sept salles, chacune d’un style architectural différent. Elles abritent des pièces de collection relatives à la franc-maçonnerie. Au niveau de l’angle avec Market Street s’élève majestueusement l’Hôtel de Ville, le plus beau que nous ayons vu aux U.S.A. durant nos trois voyages. D’une architecture de style Néo-Renaissance, il est le plus grand du pays, et la Statue du Fondateur William Penn en son sommet est la plus grande statue au monde se trouvant sur un édifice. Sa tour propose une vue panoramique sur la ville. Après avoir contemplé sa façade, nous nous sommes attardés pour admirer son architecture intérieure, très riche et d’une grande beauté. Nous nous sommes émerveillés devant la tête d’éléphant et la tête de bison sculptées au-dessus des arcades. D’imposantes colonnes de marbre, des statues, des mascarons et autres moulures complétaient le tableau.
Nous avons ensuite longé Market Street sur la gauche, admirant au passage Market Street National Bank, superbe édifice Art Déco. De manière générale, de magnifiques bâtiments s’égrènent le long de cette rue, notamment celui qui abrite le Hard-Rock Cafe. Une splendide guitare électrique vintage géante y est accrochée. Devant se tient une très belle horloge de rue sur pied du 19ème siècle. Malheureusement, nous avons aussi aperçu le revers de la médaille : des SDF, assez nombreux, se trouvaient dans la rue. Quelques détritus jonchaient le sol, chose plutôt inhabituelle dans le pays sur ce que nous avons vu lors de nos trois séjours. Cela confirme que le lourd passé de la ville marqué par la crise industrielle durant le 20ème siècle n’est pas encore enterré, même s’il y a eu de nets progrès sociaux ces dernières années.
Toutefois, cela n’a en rien gâché notre visite et c’est avec le cœur léger que nous avons rejoint Old Town, berceau de Philadelphie, en commençant par prendre un bain d’histoire en admirant l’Independence Hall. Bel édifice de style Géorgien, il est moins imposant que nous ne l’avions imaginé. Il a pourtant joué un rôle prépondérant dans l’histoire du pays : la Déclaration d’Indépendance y fut signée le 4 juillet 1776. Cependant, c’est seulement une copie qui est exposée, l’original se trouvant aux Archives Nationales à Washington DC. D’autre part, la Constitution des États-Unis y a été rédigée en 1787. La Liberty Bell, grand symbole national de la liberté, fut installée en haut de sa tour après son arrivée d’Angleterre. Elle fut enlevée en 1846 alors qu’une fissure y apparaissait. Elle est désormais exposée dans l’Independence National Historical Park, tout près.
Puis, nous avons décidé de nous séparer en deux groupes : nos amis ont visité l’Independence Hall, tandis que J.R. et moi avons poursuivi la découverte d’Old Town. Nous sommes d’abord allés sur le Benjamin Franklin Bridge, impressionnant pont suspendu bleu pâle de presque 3 kilomètres qui enjambe le Fleuve Delaware pour rejoindre la ville de Camden dans le New Jersey. Nous nous sommes arrêtés à mi-chemin, juste pour avoir la vue panoramique sur les deux villes (et les deux états !) et la rivière, puis sommes revenus sur nos pas pour continuer la visite de la vieille ville, très typique. Nous y avons admiré de nombreux bâtiments d’époque, notamment la Corn Exchange National Bank. Puis, nous avons rencontré une charmante locale qui a fait un bout de chemin avec nous afin de nous orienter dans le quartier, avec cette disponibilité typiquement américaine. Fière de ses origines asiatiques, elle l’était tout autant de sa nationalité américaine et de cette ville où elle a toujours vécu depuis son arrivée sur le Nouveau Continent dès son jeune âge. Encore une rencontre éphémère mais marquante et enrichissante comme on en fait régulièrement en voyageant. Nous lui avons laissé une carte de visite de notre website pour qu’elle nous y rejoigne. Nous la saluons au passage... Elle nous a conduit à Elfreth’s Alley (photo), petite ruelle pavée typique pétrie de charme et image d’Épinal de la vieille ville. Bâtie en 1702, il s’agit de la plus ancienne rue résidentielle du pays. Les maisons de brique rouge comportent des volets de couleurs diverses tout en respectant une certaine harmonie. L’Elfreth’s Alley Museum retrace la construction de la rue par deux forgerons - John Gilbert et Arthur West - afin créer un passage entre leurs ateliers et le Fleuve Delaware. Il propose aussi des visites. Bladens Court, une toute petite ruelle adjacente, est tout aussi charmante.
Puis, il était temps pour nous de repartir : New-York nous attendait. Nous avons rejoint nos amis. J’ai pris de l’avance pour retourner à la voiture, car les trois heures de parking allaient expirer. En chemin, j’ai croisé un groupe de femmes et de jeunes filles, certaines métisses et d’autres afro-américaines ; en effet, cette communauté est très représentée à Philly. Elles m’ont demandé de les prendre en photo devant l’Académie des Beaux-Arts. J’ai accepté avec plaisir en leur expliquant tout de même que les minutes m’étaient comptées et que je ne pouvais pas trop m’attarder. J’ai fait plusieurs clichés et nous avons eu une brève conversation. Les deux jeunes filles m’ont dit qu’elles étaient de Lyon. Elles faisaient leurs études là-bas et étaient venues passer leurs grandes vacances à Philadelphie. Quelle coïncidence ! Je leur ai dit que j’étais également français. J.R. est arrivé à son tour et s’est joint à la conversation quelques instants. Nous leur avons aussi donné une carte de visite de notre website avant de les quitter. Comme avec la jeune femme dans Old Town, il y avait un bon feeling. Nous avions vraiment de bonnes ondes lors de cette virée de trois heures à Philadelphie, qui fut l’un des meilleurs moments du trip.
Publié le 4 janvier 2019