Îles Féroé

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En août 2019, nous avons passé une petite semaine aux Îles Féroé, dans la continuité de nos quinze jours en Islande, terminant en beauté cet extraordinaire périple dans le grand Nord. Cet archipel volcanique tapissé de verdure perdu dans l’Océan Atlantique Nord entre l’Islande, l’Écosse et la Norvège nous a laissé un souvenir inoubliable. Il jouit de quelques-unes des caractéristiques des trois pays précités en plus des siennes. Certains de ses recoins nous donnent une impression de bout du monde.
Nous partions un peu vers l’inconnu, l’identité touristique de ce pays n’étant pas encore totalement affirmée. Pourtant, il commence à s’ouvrir à des visiteurs venus des quatre coins du monde, et nous avons été surpris d’y croiser des Asiatiques et des Américains, alors qu’il est méconnu de grand nombre d’Européens. Cela peut s’expliquer par la proposition de la part des tour-opérateurs de séjours combinés comprenant l’Islande, le Groenland, et donc les Îles Féroé.
En tous cas, ce fut une révélation. Les paysages sont aussi fabuleux qu’en Islande, certes moins originaux et incongrus pour certains. Tórshavn, la capitale, est la seule véritable ville. Des petits villages s’égrènent dans dix-sept des dix-huit îles qui composent l’archipel. On peut se surprendre à les trouver relativement vivants, et il est parfois aisé d’aller au contact des gens. Les maisons colorées offrent un beau contraste avec le paysage. Le pays n’est pas très peuplé, si bien qu’on compte plus de moutons que d’habitants ! Ils semblent jouir d’une grande liberté et prendre leurs aises afin de profiter du cadre exceptionnel dans lequel ils vivent. Les fjords sont somptueux, et les falaises impressionnantes : elles peuvent atteindre des hauteurs vertigineuses. Certaines sont déchiquetées, d’autres au contraire semblent tracées au cordeau et légèrement érigées vers les cieux. D’ailleurs, il est recommandé de ne pas trop s’approcher du bord, de violentes rafales pouvant vous précipiter dans le vide. D’autre part, il faut redoubler de vigilance si vous vous éloignez des sentiers lors de vos balades et randonnées : en effet, des trous ou des crevasses creusent le sol par endroits, et l’herbe haute et abondante les rend difficiles à voir.
Les «Buttercup routes» permettent de traverser des paysages à couper le souffle. Ce sont des routes scéniques annoncées par des panneaux frappés d’un bouton d’or. D’ailleurs, nombre de ces belles fleurs tapissent de leur couleur jaune très vive les prés verdoyants à travers le pays. La location de véhicule est vivement conseillée, beaucoup d’endroits étant peu desservis. Nous vous recommandons également de prendre la vignette permettant d’emprunter les tunnels. En effet, ceux-ci sont nombreux : elle sera donc vite amortie et vous évitera de vous acquitter d’une certaine somme à chaque passage. Vous ferez ainsi des économies considérables.
Pour les amateurs, sachez que l’accès aux terrains de foot est autorisé, et que vous pouvez emprunter un ballon pour jouer en toute liberté. Il vous suffira de demander aux joueurs qui s’entraînent ou à leur coach, qui accepteront volontiers, avec l’amabilité et la sympathie qui caractérise le peuple féroïen. Petits et grands parlant bien l’anglais, cela rend la chose facile.
Et pour ne rien gâcher, nous avons eu beaucoup de chance avec le temps : nous avons bénéficié du soleil presque tout le long. Seul le dernier jour a été pluvieux. La jeune et charmante réceptionniste de l’Hôtel Tórshavn où nous avons séjourné nous a confirmé que c’était chose rare. Nous la saluons au passage. D’autre part, la température était moins froide qu’en Islande, et surtout les vents moins puissants et moins cinglants. Nous nous sommes même surpris à nous balader en T-shirt par des températures de 13°C ou 14°C, tant nous nous étions habitués au froid islandais durant notre quinzaine dans ce fabuleux pays. Ces conditions climatiques très favorables nous ont permis de profiter d’autant plus de ce voyage dans un pays fascinant à marquer d’une pierre blanche.

Île de Streymoy

Tórshavn (photo), capitale à taille humaine, dépasse à peine les 13000 habitants. Nous avons commencé notre visite par le Fort de Skansin, perché sur sa butte herbeuse. Ses vieilles bâtisses de pierre ne sont pas ouvertes à la visite, mais on peut admirer son phare blanc et rouge ainsi que ses canons. La vue sur la ville, son port et ses petites maisons colorées est imprenable. Cela nous permettait d’en avoir un aperçu général avant de partir à la découverte de ses petits quartiers. Au loin s’élève Vesturkirkjan, l’Église de l’Ouest, dont l’architecture moderne et novatrice se détache totalement du reste du panorama. Sans plus attendre, nous nous sommes dirigés vers le port pour pénétrer dans les petites ruelles tortueuses du quartier Tinganes, et ses adorables maisons de pierres et de bois peint en rouge bordeaux aux toits de tourbes typiques. Les plus anciennes remontent au XVIIème siècle. C’est là que se trouve la Jetée du Parlement, qui sépare le port en deux parties. La première Assemblée Féroïenne s’y est réunie il y a environ un millénaire. On a la troublante impression de voyager dans des temps oubliés. C’est à la fois très grisant et très dépaysant. La présence inattendue d’un bâtiment triangulaire – rouge bordeaux également – nous a fait penser à un Flatiron Building féroïen, toutes proportions gardées.
Nous avons poursuivi avec le quartier mitoyen Á Reyni, toujours dans la vieille ville. Là, les maisons en bois goudronné proposent un décor différent. Les portes et bordures de fenêtres rouges ou blanches offrent un beau contraste avec les parois sombres, de même que les murettes recouvertes de chaux, et toujours ces étonnants toits de tourbe. Un panneau de rue parisienne bleu marine aux rebords verts est fixé sur une demeure : Rue de la Reynie dans le 1er Arrondissement. Un clin d’œil sympa qui explique peut-être le nom de ce charmant petit quartier.
Dómkirkjan, la Cathédrale de Tórshavn qui date de 1609, s’élève majestueusement au cœur d’un beau jardin arboré. Des bordures dorées embellissent ses parois de bois immaculées, de même que les portes et volets bordeaux. Son toit d’ardoise est surmonté d’un beau clocher comprenant une horloge sur chaque côté, et au sommet une superbe girouette en ferronnerie noire et dorée. Les églises féroïennes sont apparemment plus peaufinées que la plupart des églises islandaises, même si leur style reste sobre. La belle décoration intérieure, très colorée, confirme cette tendance : le plafond est bleu roi, les encadrements rouges, ce qui se marie parfaitement avec le blanc des murs et le bois clair verni des bancs. Des lustres sont accrochés au plafond, et entre deux lustres, la maquette d’un navire. C’est vraiment original. L’orgue, bien que moderne, s’intègre parfaitement à cette belle architecture intérieure. Enfin, il est possible d’accéder au niveau supérieur afin d’admirer le tout sous un angle différent. Au pied de l’édifice, le superbe jardin luxuriant exhibe ses brassées de fleurs fraîches multicolores.
En descendant, on accède à Vágsbotnur, la marina de Tórshavn, qui impose ses façades à pignons modernes colorées devant lesquelles se tiennent de nombreux bars. Nous sommes allés admirer de près le superbe voilier ancien en bois verni qui était amarré au quai. Sa coque, d’un surprenant bleu turquoise, détonnait totalement des autres embarcations. De l’autre côté du port se tient Fiskakonan, la statue d'une femme nettoyant le poisson. Non loin, nous avons aperçu une œuvre plutôt insolite devant la boutique Öström : un mannequin féminin en plastique était habillé d’une robe très originale composée de feuilles et de branches diverses, et ce dans des couleurs variées. En pénétrant dans les rues derrière pour nous approcher de la Bibliothèque Nationale des Féroé, nous sommes tombés sur quelque chose d’encore plus incongru : des vertèbres de baleines recouvertes de mousse décorent le jardin d’une maison ! Elles tiennent debout grâce à un socle en métal. Et sur l’allée conduisant à l’entrée de la demeure, une arche est formée à mi-chemin avec deux côtes de baleine et une petite vertèbre au sommet. Quelle imagination !
Nous avons donc séjourné à l’Hôtel Tórshavn, très agréable. Notre chambre offrait une vue plongeante imprenable sur le port. Il dispose d’un bar-restaurant très sympa : la Hvonn Brasserie. L’ambiance y est souvent jeune et animée, et elle a battu son plein lors de la performance d’un trio de jazz nommé Oslo Unknown.
Enfin, n’hésitez pas à vous rendre à l’Office du Tourisme dès le début de votre séjour. Leurs locaux modernes sont vraiment très agréables, lumineux, spacieux et fonctionnels. Les conseils prodigués y sont très précieux. De plus, l’établissement dispose d’une météo très précise par île, car le climat dans ce pays peut être capricieux et varier d’une île à l’autre.
 
Kirkjubøur est un adorable village essentiellement construit à partir de bois de flottage. Nous l’avons visité en fin de journée en revenant de l'Île d'Eysturoy. Nous avons emprunté une «Buttercup Route» qui longeait des fjords, proposant des vues vertigineuses sur des lacs et des villages en contrebas. Par endroits, les routes sont si étroites que les véhicules ne peuvent pas se croiser. Des espaces sont aménagés sur le bas-côté pour que l’un d’eux s’y place afin de laisser passer l’autre. En chemin, nous avons eu la surprise de nous retrouver face à un mouton qui était carrément couché sur la route : à la fois têtu et effronté, il n’a pas bougé d’un centimètre et nous avons dû le contourner. Le respect vis-à-vis de ces ovins qui peuplent le pays vient naturellement. Après cette parenthèse amusante, nous avons fait une halte sur un point de vue élevé avant d’arriver à Tórshavn, sur laquelle nous avions une vue époustouflante.
Nous avons ensuite traversé la capitale pour rejoindre ce charmant village. L’accès se fait en descendant d’une petite montagne par des chemins caillouteux où deux véhicules ne peuvent se croiser, nous obligeant à nous garer sur le côté pour laisser la priorité comme il se doit à celui qui monte. Les maisons noires aux toits de tourbe et aux rebords de portes et de fenêtres rouges offraient un contraste saisissant avec le vert tendre des prés et des falaises, tout en s’harmonisant avec le décor. L’Église Saint-Olav (Kirkjan í Kirkjubø) détonnait complètement en arborant ses façades immaculées éclatantes sous les rayons rasants du soleil de fin de journée qui embellissaient tout ce qu’ils touchaient. Avec son cimetière ceint d’un mur de pierre, elle côtoie Kirkjubøargarður, une ferme du XIème siècle. Également appelée Roykstovan, il s'agit de l'une des plus anciennes maisons en bois au monde à être encore habitée. Très longue, elle repose sur un soubassement en mur de pierre, comme certaines demeures du village. L’une de ses doubles portes rouges est particulièrement bien travaillée, avec des bordures de bois finement ciselées rouge et turquoise. Enfin, les ruines de la Cathédrale Saint-Magnus (Kirkjubømúrurin), s’élèvent fièrement, comme refusant de tomber en désuétude. Il s’agit d’un édifice du XIVème siècle inachevé. En cours de restauration, il exhibe ses fenêtres en arcs brisés typiquement gothiques et ses croix de Malte incrustées dans les murs. Tout près, une barque typique amarrée à un quai surplombait son reflet dansant avec les mouvements à peine perceptibles de l’eau. L’endroit était idyllique et nous n’avions plus envie de partir.
 
On emprunte une superbe «Buttercup Route» pour rejoindre Saksun, village coupé du monde entouré de hautes montagnes verdoyantes. Une crique y formait autrefois un port naturel, mais elle a été obstruée par du sable suite à une tempête, devenant ainsi un lagon uniquement accessible par bateau à marée haute. Il comprend un musée dans une vieille ferme du XVIIème siècle nommée Dúvugarður, ainsi qu’une église. Cette dernière fut initialement construite à Tjørnuvík, un autre village, puis démontée pour être réassemblée à Saksun après avoir été transportée à travers les montagnes. Son blanc immaculé se marie à merveille avec le vert de son toit de tourbe. Son cimetière aux sépultures inégales et aux croix penchées est pétri de charme. Il est entouré d’une murette de pierre rectangulaire
 

Île de Vágar

C’est sur cette île que se trouve l’aéroport. Nous avons commencé la visite avec Gásadalur (photo), très charmant petit village qui donne sur le Mykinesfjørður. Il est entouré des plus hautes montagnes de l’île. La chute Molafossur se jette du haut d’une falaise verdoyante pour tomber directement dans l’eau du fjord. Le spectacle est féerique et on peut l’admirer depuis un point de vue juste en face. Nous avons aperçu quelques macareux voler au loin, alors nous avons décidé d’aller les observer de près en empruntant un chemin de randonnée. Nous avons marché jusqu’à un point de vue surplombant une falaise. Comme en Islande, nous avons été amusés par leur façon pataude de voler et de marcher. Nous les avons longuement observés et pris en photo, essayant de capturer le moment où ils décollaient ou atterrissaient. En revenant, nous avons fait un détour pour traverser le petit village et ses maisons en bois goudronné aux toits de tourbe. Certaines ont une base en pierre recouverte de chaux. Une table de pique-nique entourée de solides bancs de bois se tient près des restes d’un mur de pierre. Au loin, deux tracteurs rouillés sommeillent côte à côte dans un pré, alors qu’un cabanon de bois solitaire se tient au-delà d’une clôture de fil de fer barbelé. On se sent à la fois au bout du monde et hors du temps.

Bøur nous a donné la même impression. Ce village possède plusieurs vieilles maisons et une église construite en 1865. Il est déjà mentionné par des textes de 1350, mais il est probablement plus vieux encore. Certaines demeures en dessous du niveau de la route principale ne laissent apparaître que leurs toits de tourbe. À l’horizon, des îlots aux formes acérées surgissent de l’eau lisse où flottent nonchalamment quelques barques. Le calme est souverain et apaisant.

Puis, nous sommes allés à Trælanípa faire une randonnée qui suit le Lac Sørvágsvatn, lequel se jette dans l’Océan Atlantique Nord. Elle ne comporte aucune difficulté particulière, à part un dénivelé sur la falaise au bout. L’endroit est coupé du monde : les seules bâtisses qu’on croise sur notre chemin sont un abri de pierre et une maison au bord de l’eau sur la rive opposée. Des moutons broutent en toute quiétude près d’une longue clôture de pierre. Plus loin, un banc de bois verni attend les randonneurs qui veulent souffler un peu avant d’entamer l’ascension de l’impressionnante falaise qui se présente à eux. Dressée en oblique dans toute sa puissance et sa majesté, c’est la plus impressionnante de toutes. Une fois au sommet, quand on s’approche du bord avec prudence et qu’on regarde en bas, les oiseaux de mer qui tournoient devant leurs nids semblent minuscules. C’est tout simplement époustouflant. Ce qui l’est encore plus est l’effet d’optique lorsqu’on s’en éloigne pour se rapprocher encore de l’océan : le Lac Sørvágsvatn semble être perché à environ 100 mètres au-dessus de l'Atlantique Nord, ce qui correspond à la hauteur de la falaise. Mais il ne le surplombe en réalité que d'une trentaine de mètres : c'est l'angle de vue en plongée sur la falaise en pente qui donne cette illusion. C’est pourquoi il est surnommé «le lac au-dessus de l’océan». Un peu plus loin, nous avons aperçu de nombreuses pierres rectangulaires au sol. Leur présence là n’est pas sans raison, mais c’est resté un mystère pour nous. Finalement, nous avons escaladé de gros rochers pour nous approcher de l’autre rive avant de revenir, des images plein la tête.

Île de Viðoy & Île de Borðoy

Viðareiði (photo) est un village situé sur la partie septentrionale de l'Île de Viðoy, dans la région de Norðoyar. Il se trouve sur un isthme constitué de hautes montagnes du nord au sud. Pour y accéder, nous avons dû emprunter plusieurs tunnels. L’un d’entre eux est long, de surcroît à voie unique pour une circulation dans les deux sens. Des espaces sont aménagés à intervalles réguliers sur le côté pour permettre aux véhicules non prioritaires de se garer. La priorité est indiquée par des panneaux à l’entrée de chaque tunnel. Ce petit village pittoresque jouit d’une belle église blanche, dont l’entrée était malheureusement en travaux. Un mur de pierre délimite son cimetière, où se trouvent très peu de tombes. On peut y admirer les traditionnelles petites maisons colorées à toits de tourbe. Les montagnes abruptes tapissées de verdure qui tombent dans la mer sont impressionnantes. On aperçoit çà et là des huîtriers-pies sur les rochers. Moutons noirs et moutons blancs broutent nonchalamment derrière une clôture en fil de fer barbelé chancelante. Tout près, de vieilles bâtisses de bois et de pierre coiffées de tôle rouillée tentent de résister tant bien que mal à l’usure du temps et aux assauts répétés des intempéries. Mais elles apportent un cachet indéniable à ce village au bout de nulle part. Des embarcations sommeillent près de certaines demeures, attendant avec impatience leur prochaine escapade en mer.

Puis, nous sommes allés nous balader à Klaksvík, sur l'Île de Borðoy. Il s’agit de la deuxième ville des Îles Féroé (presque 5000 habitants) après Tórshavn. Elle jouit tout de même d’un grand port où sont amarrés quelques beaux bateaux. Nous y avons notamment admiré un ancien voilier en bois verni. Son port de pêche est le plus grand du pays, et son centre industriel a longtemps prospéré jusqu’à la fin du XXème siècle. Enfin, le fjord étroit dans lequel la ville est enchâssée est très beau et spectaculaire.

Île d'Eysturoy

Située sur la côte est de l’île, au nord de la source d’eau chaude Varmakelda, Fuglafjørður est connue pour son important centre culturel établi récemment. Une imposante épave de bateau à la coque bleu pâle repose sur la plage face aux maisons colorées. Nous avons été amusés par les sculptures de métal rouillé insolites qui s’élèvent sur le port haut en couleur devant les bateaux de pêche et de plaisance. Tout près, des tables de pique-nique couplées avec des bancs ont été installées ; l’une d’entre elles porte les couleurs du drapeau des Îles Féroé. Dans le centre s’élève la Statue de Victor Danielsen, célèbre écrivain féroïen. On doit cette œuvre au sculpteur féroïen Hans Pauli Olsen. L’originalité réside dans le socle de marbre qui s’étire en longueur : la statue se trouve à l’avant, et à l’arrière se tient la sculpture d’une grosse main écrivant au stylo à plume.

Fuglafjørður est relié par une piste de randonnée sur les anciennes routes postales terrestres à Oyndarfjørður, au nord-est de l’île. Isolé au bord d'un fjord et toisé par la Montagne du Sandfelli, c’est l’un des plus vieux villages des Îles Féroé. Il daterait probablement de l’époque viking. Quant à son église, elle fut bâtie en 1838. Entouré de pâturages, il vit de l’élevage de moutons et de la pêche. Nous y avons ressenti un calme et un dépaysement très appréciables.

Nous avons poursuivi avec Elduvík (photo), très charmant petit village séparé en deux de part et d’autre d’une rivière : sur la rive gauche se trouve le centre où se multiplient des maisons très colorées entourées de jardins coquets. Près d’une demeure se tenait une vieille meule manuelle qui nous renvoyait à une époque révolue avec une certaine nostalgie. Sur la rive droite, des petites barques colorées reposent sur la rampe d’accès devant de charmantes cabanes de pêcheurs et des maisons de bois et de pierre.

Nous avons fait une halte imprévue à Funningur, qu’on avait aperçu depuis une «Buttercup Route» longeant la falaise, et proposant une vue plongeante imprenable sur ce charmant village entouré de montagnes. Grímur Kamban, le premier viking qui s'installa sur les Îles Féroé aux alentours de l'an 800, aurait précisément choisi Funningur. L'église au toit de tourbe, qui date de 1847, est pétrie de charme : faite de bois goudronné, elle repose sur un soubassement de pierre recouverte de chaux. Entourée d’une murette de pierres, elle est toute proche d’un petit ruisseau se jetant dans la mer.

Ensuite, nous avons rejoint Gjógv, autre village pittoresque aux maisons colorées du nord-est de l’île. Son nom signifie «ravin» en féroïen. En effet, son port est enclavé en contrebas dans une faille très profonde. On fait des petites randonnées de part et d’autre de cette étrange plaie ouverte dans la roche de la montagne. Celle sur la rive gauche est plus longue et pentue, mais vous devez vous acquitter de la somme de 50 couronnes pour sa deuxième partie. En nous éloignant du petit centre, nous sommes tombés sur un grand jardin privé surchargé de décorations : certaines délirantes, d’autres très créatives, notamment une composition de coquillages. C’était un véritable fouillis, mais il donnait de la vie et de la couleur au quartier. En revenant, nous sommes passés devant le modèle réduit d’une maison en bois blanc et aux encadrements de portes et fenêtres rouges… sans oublier le traditionnel toit de tourbe ! Tout près, nous avons été séduits par une demeure au charme suranné et à la décoration désuète : une petite poupée de marin en uniforme regardait par la fenêtre, près d’un téléphone très ancien qu’on devinait derrière les vitres sales. Le tout avait un cachet indéniable.

Eiði se trouve au nord-ouest de l’île. Nous avons commencé sa visite par un point de vue qui fait face à l’entrée nord du Détroit Sundini, qui se jette entre deux falaises, offrant un panorama époustouflant. Une maisonnette verte semble perdue au milieu de cette immensité. Puis, nous avons rejoint le port, situé dans une faille de la falaise, et constitué de deux digues. Une jolie barque en bois typique reposait sur une rampe d’accès. Perchée à flanc de colline, une cabane coiffée d’un toit de tourbe semble monter la garde sur les lieux. Nous nous sommes ensuite rendus sur une plage de galets entourée de falaises qui s’étend au cœur d’un cadre idyllique. Derrière, le lac Niðara Vatn renvoie le reflet des montagnes qui s’élèvent au-delà du village. Malheureusement, elle est connue pour être localement le théâtre du Grind, tradition jugée impitoyable et barbare par certains, qui consiste à chasser les globicéphales en les emmenant à s’échouer sur le rivage, pour être ensuite massacrés. L’odeur de putréfaction des cadavres qui pourrissaient là était pestilentielle. En quittant le village en direction du nord, nous nous sommes arrêtés au bord d’une route côtière pour admirer le Géant et la Sorcière (Risin Og Kellingin), deux étonnantes formations rocheuses. Selon la légende, ils seraient arrivés d’Islande sur le site durant la nuit. Ils trouvèrent tant de beauté dans les Îles Féroé qu’ils décidèrent de les haler vers leur pays. Alors, ils entourèrent la Montagne Eiðiskollur d’une corde et commencèrent à les remorquer. Mais ils ne virent finalement pas le temps passer, et lorsque les premiers rayons du soleil les atteignirent, ils furent transformés en pierre.


Publié le 20 décembre 2020